La vérité sur Malek Bennabi, père de l’islamisme algérien

By La rédaction de Mondafrique, 22 décembre 2020

 

 

Malec BennabiA propos de «Malek Bennabi, ‘Père’ du courant islamique mondial ? », par Zidane Meriboute

Une chronique de Gilles Munier

Malek Bennabi (1905-1973) est l’un des penseurs musulmans les plus importants du XXème siècle, à l’origine notamment du renouveau islamique en Algérie au lendemain de l’indépendance.

Militant nationaliste de la première heure, poursuivi dès 1931 par la vindicte de l’orientaliste Louis Massignon dont on méconnait le rôle joué pour ostraciser ou retourner les intellectuels musulmans indépendants (1), Malek Bennabi a été accusé à la Libération de collaboration avec l’Allemagne nazie et incarcéré pendant 18 mois – avec son épouse Paulette-Khadîdja – au camp de concentration de Pithiviers.

Accusations fantaisistes

Bien que libérés tous les deux en 1946 – le tribunal de Chartres ayant finalement reconnu qu’ils avaient été « détenus de longs mois sur des accusations fantaisistes – dont rien  ne saurait être retenu » – tout a été fait jusqu’à son départ pour Le Caire en 1957 – où il a rejoint le FLN – pour contrarier sa vie professionnelle et le rayonnement de ses travaux, qualifiés par Massignon de « danger pour la colonisation ».

Faut-il s’étonner si, après l’indépendance, le courant laïciste puis éradicateur algérien – appelé Parti de la France (Hizb França) – a repris les accusations portées contre lui sous la colonisation ? S’il vivait encore aujourd’hui, Malek Bennabi serait à l’avant-garde du Hirak, dénonçant le régime qui a dévoyé la société, moralement et spirituellement, et entravé le développement du pays.

Archives gardées secrètes

En se basant sur  les fiches confidentielles de la DST et de la Cour de Justice française – gardées secrètes jusqu’en 2012 -, Zidane Meriboute*, chercheur suisse d’origine algérienne, a mené sa propre enquête pour rétablir la vérité sur les activités de Malek Bennabi pendant le Seconde Guerre mondiale. C’est fait, n’en déplaise à ceux qui font de lui le « père » de l’islamisme, le contraire de ce pourquoi il a lutté durant sa vie. Je peux en témoigner.

(1) Entretien avec Malek Bennabi à Alger, à la fin des années 60. Sur les missions secrètes de Louis Massignon, lire mon livre : « Les espions de l’or noir » (Editions Encre d’Orient – 2011).

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