A. Pour une cessation de la guerre de propagande entre les mondes musulman et occidental à l’extérieur de leurs propres frontières. Suivi de quelques remarques sur la réduction des risques de confrontation et de violence entre les civilisations au XXIe siècle

Les relations entre l’Occident et les musulmans n’incitent guère à l’optimisme. Les deux cultures ont des difficultés à trouver des bases sur lesquelles fonder un réel dialogue et à apaiser les tensions qui enveniment quotidiennement leurs rapports. Une stratégie de dialogue, suivie de mesures concrètes, doit être prise au sérieux par la société civile, les intellectuels, les religieux et les organisations qui œuvrent pour la paix. L’obstacle de taille qui sépare les Occidentaux des Orientaux est de nature psychologique. Le mal vient principalement du fait que chacun des deux camps persiste à croire que ses valeurs culturelles sont supérieures à celles du voisin.

Les chrétiens, comme les musulmans, sont fragilisés par la hantise des guerres de religion auxquelles leurs ancêtres ont dû faire face dans le passé. Certains intellectuels au service des lobbies militaro-industriels mondialisés ont continué à entretenir la division, le mépris et le rejet entre les chrétiens, les musulmans, les juifs et autres religions d’Asie et d’Afrique. Les dirigeants des grandes puissances devraient moins écouter les conseillers du « tout sécuritaire » et plutôt prêter l’oreille à leurs propres cercles académiques et aux associations expérimentées qui maîtrisent le domaine de l’anthropologie, de l’histoire et de la psychologie sociale des peuples du Sud.

Il est encore temps de mettre un terme à la culture de la haine raciale et religieuse. Les cercles associatifs épris de paix, en Occident comme dans les pays du Sud, doivent méditer les erreurs du passé et leur opposer des contre-projets afin de les déjouer. Cela évitera aux générations futures de s’engager, comme leurs aînés, sur la voie des préjugés, de la haine et du doute à l’égard de certaines races et religions, arbitrairement classées dans le camp ennemi. Pour étayer mon allusion aux erreurs du passé, je me permets de donner quelques exemples du mépris que certains Occidentaux manifestaient à l’égard des musulmans et vice-versa.

Ainsi, dans son livre Le voyage du centurion, l’écrivain Ernest Psichari établit d’emblée une supériorité des chrétiens sur les musulmans et, afin de rehausser le niveau de ces derniers, il propose de les christianiser à grande échelle. La réussite de cette entreprise de christianisation, c’est-à-dire d’éviction de la religion musulmane, dit-il, implique une volonté de fer. Pour convaincre ses lecteurs, cet auteur met l’accent sur la supériorité et les avantages des valeurs chrétiennes qui, ajoute-t-il, séduiront tôt ou tard les musulmans. Parlant de ces derniers, il dit avec une certitude déconcertante :

« Je sens mieux que nous sommes les vainqueurs et qu’ils sont les vaincus. Qu’avons nous donc de plus ? Je ne sais… quelque chose de plus riche et de plus vrai – la conscience de notre dignité et de notre indignité. Ces deux sentiments sont en nous, ils ne peuvent pas nous tromper et ils ne s’accordent que dans le mystère chrétien. » [1]

Le regard méprisant que jette E. Psichari [2] sur les musulmans en 1947 a été progressivement intériorisé par des pans entiers de la société occidentale. Certains chrétiens, même d’origine arabe, sont convaincus que les musulmans n’ont ni conscience, ni éthique, ni dignité. À leurs yeux, ces handicaps les empêchent d’apprécier les valeurs occidentales et surtout de distinguer entre la liberté absolue et la servitude. Ils pensent également que contrairement aux musulmans, « esclaves tremblants » et « égoïstes », les chrétiens sont par nature des êtres charitables qui expriment invariablement l’amour qui les habite.

Enfin, ces mêmes propagandistes sont convaincus que les valeurs supérieures qui distinguent les chrétiens des musulmans ne s’acquièrent que par la grâce de Jésus-Christ. Mieux encore, certains hommes politiques occidentaux ont exprimé leur mépris profond pour l’essence même de l’islam. D’autre, encore, ont tenté de dépersonnaliser l’Arabe en vue de l’éliminer en tant qu’adversaire politique. Ils ont essayé de trouver en lui les défauts « d’une collectivité appréciée en tant que race » [3] afin de justifier sa domination à travers l’exploitation coloniale.  À cet égard, à la fin du XIXe siècle, Auguste Pomel, écrivain et député français, voyait dans ce qu’il appelait « l’obscurantisme mahométan »

« le gouvernement despotique des familles et tribus, l’égoïsme sordide des êtres, la commercialisation des femmes-enfants, les produits immanents d’une race. Race abâtardie, parce que fermée sur elle-même, inadaptée parce qu’improductive, déprédatrice et incapable, inadaptable parce que définitivement rebelle au progrès et à la civilisation. Un ‘peuple enfant et barbare’ réfugié dans ses fausses gloires passées et perdu dans un rêve hypocrite du Moulay-Saa (du Maître de l’heure, vengeur futur des décadences présentes) possède des ‘défauts ataviques’ que la France ne pourra réduire en l’attaquant de front » [4].

Dans un langage encore plus violent, ce député ajoutait, sans remords :

« Le mahométisme semble plus spécialement convenir aux sociétés dont l’évolution sociale s’est arrêtée dans la phase du patriarcat barbare. La société arabe est le type le mieux caractérisé de cette constitution politique, qui semble s’être incarnée à perpétuité dans sa race.

La famille tout entière soumise despotiquement au plus ancien des ascendants, seul propriétaire et administrateur jaloux de ses biens ; (…) un statut théocratique dont l’absolutisme est le pivot et le fatalisme le critérium ; une société composée de trois classes : le prêtre sordide, hypocrite et fainéant, marabout par succession, influent surtout en raison de son ignorance fanatique ; le noble, grand seigneur pouilleux, pour lequel le travail productif est avilissant au contraire du travail stérile ou destructif qui est honorifique ; le serf qui doit nourrir ces deux maîtres, mais qui est presque libre de mourir de faim avec le cinquième de ce que produit son travail (…) » [5].

Et A. Pomel de conclure, avec la même verve haineuse qui s’apparente au fascisme, qu’à ses yeux il n’y avait point de doute que

« (…) l’Arabe est le plus incapable des agriculteurs : il n’est bon qu’à gaspiller et détruire les richesses naturelles (…) et on peut dire du reste que c’est un résultat inséparable du régime de barbarie patriarcale dans lequel il se complaît » [6].

Sous couvert d’études de sciences islamologiques, à la fin du XIXe siècle, Ernest Renan nous livra pour sa part une vision de l’islam pour le moins étonnante, affirmant :

« L’islam est la plus complète négation de l’Europe ; l’islam est le fanatisme ; l’islam est le dédain de la science, la suppression de la socété civile ; c’est l’épouvantable simplicité de l’esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherche rationnelle, pour le mettre en face d’une tautologie: « Dieu est Dieu ». L’avenir est donc à l’Europe et à l’Europe seule ; l’Europe conquerra le monde et y répandra sa religion, cette croyance qu’il y a quelque chose de divin au sein de l’humanité. » [7]

Malheureusement, ce genre d’écrit ne vit pas le jour que durant la période colonialiste du XIXe siècle. Tout récemment encore, l’écrivain-journaliste Oriana Fallaci a publié un livre truffé de préjugés racistes. Dans un style digne de la littérature nazie anti-juive des années trente, elle traîne tous les musulmans dans la boue animale. Pour elle, l’islam est « une prétendue culture » et les musulmans, ces fils d’Allah vomis et haïs, sont représentés par des « visages grimaçants, menaçants, hostiles, des voix enrouées, chargées de haine, bestiales » [8].

Maurice Szafran, qui a commenté l’ouvrage en question, dit à juste titre que systématiquement le lecteur est ramené au sexuel, d’un bout à l’autre de ce livre, et précise que Mme Fallaci a même

« L’abjection de préciser, ‘Dieu merci, je n’ai jamais eu affaire à un homme arabe. À mon avis, il y a quelque chose dans les hommes arabes qui dégoûte les femmes de bon goût » [9].

Oriana Fallaci écrit également : « Si l’Amérique tombe, l’Europe tombera aussi » et prévoit notre futur en ces termes :

« (…) Et à la place des cloches, il y aura des muezzins, à la place des minijupes, il y aura des tchadors, à la place du petit cognac, le lait de chamelle » [10].

Enfin, certains analystes ne sont pas dupes de ce genre de situations qui frisent le totalitarisme primaire. L’histoire de la Seconde Guerre mondiale leur a appris à mesurer les conséquences désastreuses de ce type de « discours enragé », « violent » et porteur de « manichéisme primaire » [11].

Ce genre de racisme n’a pas de frontières car, en temps voulu, il déborde facilement sur d’autres ethnies et confessions. D’où la remarque de l’avocat du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entrer les peuples (MRAP), qui estime que, dans le livre de Mme Fallaci, « [S]i vous mettez le mot juif à la place du mot musulman, vous retrouvez la littérature des années trente » [12].

À l’inverse, par souci d’impartialité, je dirai que du côté musulman les préjugés envers les chrétiens et d’autres religions ne manquent pas. À cet égard, je citerai les paroles dures proférées par des savants musulmans à propos de l’ignorance des Occidentaux du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle. Ainsi au XIIe siècle, lors de son premier contact avec les Européens en Syrie, le penseur arabe Ousama ibn Munkidh les compara à des animaux dotés d’un minimum d’intelligence car ils n’arrivaient pas à assimiler les sciences et la médecine. Il faut rappeler qu’à l’époque les Arabes excellaient dans le domaine des sciences médicales et de la philosophie. Ousama ibn Munkidh manifesta son étonnement en décrivant les Occidentaux en ces termes :

« (…) des animaux, dont les seules vertus sont un courage et des aptitudes guerrières telles qu’on en trouve chez les autres animaux (…) ils n’ont aucune noblesse de sentiment (…) leur médecine est rudimentaire et primitive comparée à la médecine arabe, leurs procès au tribunal sont aussi stupides que bizarres » [13].

Plus tard, au XVIIIe siècle, le fameux savant arabe Al-Djabarti disait des Français qui accompagnaient Napoléon durant sa conquête d’Égypte (1798-1801) « qu’ils étaient des soûlards et [que] leurs femmes se comportaient de manière honteuse » [14].

Même de nos jours, ces préjugés entremêlés de fantasmes sont entretenus par les musulmans et les chrétiens. La représentation mentale que les différentes civilisations se font les unes des autres est regrettable. Ces opinions préconçues sont inlassablement transmises d’une génération à une autre. Le seul moyen de passer par dessus les préjugés indéracinables consiste à rétablir un minimum de confiance entre les différentes civilisations.

B. Mesures de confiance à établir entre l’Islam et l’Occident

Il faut, avant tout, commencer par tolérer et respecter les valeurs d’autrui. Ce respect ne peut s’acquérir qu’à travers les institutions éducatives, familiales et religieuses. À cet égard, la responsabilité d’une éducation pour la paix et la tolérance interreligieuse entre musulmans, chrétiens, juifs et autres croyants doit être prise au sérieux par les éducateurs, les religieux et les familles.

Les pôles de diffusion du savoir et de l’éducation religieuse doivent élaborer et échanger des plans en vue de promouvoir la tolérance, l’amitié et la compassion réciproques. Sans demander à quiconque de renier sa propre religion, il est envisageable de respecter la dignité et les croyances des autres, en mettant l’accent sur les aspects communs et unificateurs des religions (Dieu, morale, bienfaisance, etc.). Des initiatives ont été déjà prises dans ce domaine mais elles restent relativement peu visibles et n’ont pas de soutien politique suffisant. Il s’agit par exemple des efforts fournis par le Conseil œcuménique des Églises (Genève) et l’Église catholique, dont les modèles de dialogue sont dignes d’intérêt [15].

Les médias, la famille et l’école ont un rôle déterminant à jouer dans le domaine de la tolérance et de l’échange d’informations entre les mondes islamique, chrétien, judaïque, hindouiste et autres. Si l’on veut y arriver, il faut que la guerre des médias et l’esprit de croisade qui règnent dans ces sphères religieuses cessent à tout jamais. Certaines organisations internationales et régionales (ONU, UNESCO, Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Union européenne, Union africaine, Conférence islamique, Conseil œcuménique des Églises) devraient élaborer un code d’éthique en s’efforçant de privilégier le respect de la dignité humaine et de rejeter la discrimination basée sur l’appartenance à une race ou une religion, comme l’exigent d’ailleurs certains instruments internationaux des droits de l’homme.

Il est encore temps de cesser de promouvoir sournoisement à l’école ou en famille les images négatives de l’islam, du judaïsme et du christianisme. Par exemple, il faudrait cesser d’enseigner dans certains séminaires islamistes le Protocole des Sages de Sion, étude fictive montrant l’existence d’un complot international juif en vue de s’emparer du monde.

À l’inverse, les médias occidentaux devraient également s’abstenir d’être la caisse de résonance de certains lobbies qui perpétuent le mythe du musulman incarnant systématiquement les trois V : violence, vol et viol. De surcroît, une étude des médias et des films occidentaux [16] des dernières décennies montre que le musulman est très souvent représenté sous forme d’un primitif perfide, d’un fataliste ou d’un menteur invétéré.

J’ai en outre constaté, en lisant des journaux arabes et occidentaux (en français et anglais) en vue de l’élaboration de cet ouvrage, deux attitudes qui reflètent et alimentent un racisme réciproque. Dans les journaux occidentaux, lorsque des faits répréhensibles sont rapportés et que les suspects ou coupables sont d’origine arabe ou musulmane, cette origine est systématiquement mentionnée (par exemple, il est précisé : le Français « d’origine marocaine » Moussaoui est accusé d’avoir participé aux attentats du 11 septembre 2001). Si l’auteur du méfait est de souche ou d’origine non arabo-musulmane, cette précision est omise. De même, dans la presse arabophone, on insiste sur l’origine de la personne mentionnée, particulièrement si celle-ci est d’origine juive. Ainsi, le quotidien international arabe Al-Hayat du 31 décembre 2002, précise que le commentateur « juif américain » du New-York Times William Safir « s’attend à un exil probable du président Arafat pour l’année 2003 » [17].

Des mentions de ce type, qui insistent sur l’origine ethnique des personnes incriminées, sont courantes dans les médias. Et bien que parfois non intentionnelles, elles peuvent insidieusement attiser le sentiment raciste de certains lecteurs.

C. Le « choc des civilisations » ou choc des puritanismes : un plat qui risque d’être réchauffé

La paix entre chrétiens et musulmans est malmenée de toutes parts, et ce depuis l’avènement des croisades, mais elle semble résister à la rupture définitive. La menace d’un choc des civilisations n’est pas nouvelle. Pour les musulmans, il s’agit là d’un fait réel auquel la cohabitation avec d’autres religions les a habitués à travers l’histoire. Ils attribuent ces chocs de civilisations à la nature même des diverses prophéties et civilisations qui négligent de mettre l’accent sur les valeurs unificatrices entre les êtres humains.

En ce qui concerne les musulmans, les chocs de civilisations ont toujours été le fait des Occidentaux (Croisades, conquêtes napoléoniennes en Égypte, colonialisme franco-britannique, etc.). Or, aujourd’hui, on essaie de nous faire croire que les pays musulmans se concertent à leur tour pour envahir l’Occident au nom du djihad. Un amalgame est volontairement créé entre la position de groupes minoritaires radicaux qui, depuis Ibn Taymiyya, appellent au djihad et la majorité silencieuse du monde musulman qui n’aspire qu’à vivre dans la paix et l’harmonie avec le reste de la planète. C’est le cas de tous les croyants modérés, des soufis et des laïcs, pour qui l’islam est une affaire individuelle qui les cimente en une société dont les valeurs sont purement spirituelles et pacifiques.

L’histoire montre que tout dépend de la volonté des dirigeants politiques et religieux des différents camps. Ceux-ci ont tantôt choisi la confrontation, tantôt la coexistence et la coopération dans le respect mutuel. Ainsi, le monde a déjà connu, d’une part, des moments de chocs sanglants dirigés par les croisés en Orient ou lors de l’avancée des musulmans jusqu’à Poitiers (France) et, d’autre part, des temps d’apaisement et de respect mutuel entre musulmans et chrétiens, telles les relations entre Charlemagne et le calife abbasside Haroun al-Rachid.

Aujourd’hui, certains lobbies militaro-industriels et pétroliers ont cru devoir « réchauffer » la théorie du choc des civilisations pour s’imposer à travers le monde. Cela a eu pour conséquence de raviver la méfiance, l’hostilité et l’esprit de confrontation religieuse. Les musulmans soupçonnent ces lobbies de vouloir intervenir à l’intérieur de leurs frontières afin de profiter de leurs richesses et de leur imposer des systèmes économiques et culturels mondialisés. Pour contrecarrer ces velléités, ils ont organisé la résistance par l’intermédiaire de la société civile de leurs pays, qui a su absorber le choc et éviter une confrontation généralisée avec l’Occident.

À titre d’exemple, en 1991, lors de la guerre du Golfe entre les armées alliées et l’Irak, le monde islamique faillit se révolter massivement contre l’occidentalisation qui le menaçait jusqu’au cœur des lieux saints de la Mecque. Cependant, la guerre totale entre les blocs civilisationnels, y compris avec le judaïsme, n’eut pas lieu. Elle fut évitée de justesse.

La deuxième guerre livrée en 2003 contre l’Irak ne manquera pas de plonger le monde musulman dans le désarroi et le rejet de l’Occident. Elle donnera lieu à toutes les dérives radicales et même si le terrorisme international finit par être plus ou moins jugulé, l’intégrisme religieux continuera son avancée auprès du peuple déçu par l’attitude du monde politique occidental. Cet intégrisme finira par gagner même les musulmans modérés en proie à la frustration et aux malentendus politiques avec les États-Unis et les Européens, et ce qui est actuellement un conflit entre puritanismes chrétiens et islamiques risque de dégénérer. L’on verra peut-être aussi des peuples dont les gouvernements sont soutenus par les Occidentaux pencher définitivement du côté du radicalisme islamique.

Le seul moyen d’éviter de casser les relations fragiles qui existent entre Occidentaux et musulmans serait d’engager au plus vite un dialogue avec tous les courants politiques et religieux du monde islamique. Cet échange de vues devrait être égalitaire et s’accompagner de mesures concrètes. Des projets tangibles devraient être réalisés en vue d’aider les musulmans à se relever et à espérer vivre dignement, à l’abri de la misère morale et matérielle à laquelle ils sont condamnés actuellement.

L’attitude de la coalition anglo-américaine n’a pas manqué de compromettre le peu de confiance que les pays musulmans vouaient à l’Occident. Il faut espérer que l’après-guerre contre l’Irak débouchera néanmoins sur une prise de conscience réelle des musulmans, qui apprendront à se démocratiser et à se développer durablement par leur propre volonté. Avec l’aide internationale en prime, ces pays ne manqueront pas de faire éclore des talents politiques, artistiques et culturels jusque-là insoupçonnés. Ils mettront de nouveau en route « une formidable libération de la parole et de la réflexion » et un retour aux vertus de l’humanisme qui leur étaient reconnues durant l’âge d’or de la civilisation musulmane.

 

 

 

 

 

[1] E. Psichari, Le voyage du centurion, éditions Conard, Paris, 1947, pp. 224-226 cité par P. Lucas et J.-C. Vatin., L’Algérie des anthropologues, éditions Maspero, Paris, 1979, p. 178.

[2] E. Psichari, ibid., p. 7 et suiv..

[3] Voir P. Lucas, J.C. Vatin, op. cit. , p. 129

[4] P. Lucas et J.-C. Vatin, op.cit., p. 129.

[5] Ibid., pp. 130 et suiv.

[6] A. Pomel, Des races indigènes de l’Algérie et du rôle que leur réservent leurs aptitudes, imprimerie La Typo-Litho, éditions Veuve Dagorn, Oran (Algérie), 1871, pp. 5-7, 18, 31, ainsi que P. Lucas et J.-C. Vatin, ibid., p. 131.

[7] E. Renan, La part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation, discours présenté au Collège de France le 23 février 1862, voir M.M. Colin, « Aux sources du discours », à l’adresse http://www.saphirnet.info/article_120html.

[8] Voir dans revue Marianne, Paris, 3-9 juin 2002, p. 15, les commentaires de M. Szafran sur le livre d’O. Fallaci, La rage et l’orgueil, Plon, Paris, 2002, pp. 100 et 148.

[9] M. Szafran citant O. Fallaci, op.cit., p. 188 dans Marianne, ibid., p. 16.

[10] O. Fallaci, Corriere della Sera, 29 septembre 2001, traduit de l’italien par commentaires.com E-magazine suisse d’opinion : http://www.commentaires.com/documents/Pages/fallaci.htm. Voir aussi O. Fallaci, à l’adresse http://www.perso.wanadoo.fr/devernon/oriana_fallaci_.html.

[11] Propos de l’avocat de la Ligue des droits de l’homme (LDH), dans Jeune Afrique l’Intelligent, n° 2179, 14/20 octobre 2002, p. 4.

[12] Ibid., p. 4.

[13] Voir l’autobiographie d’Ousama Ibn Munkid (1095-1188) où il donne ses impressions sur la vie et les mœurs des Francs, texte traduit et reproduit par P.Halsall, Internet Medieval Sourcebook, 2000, Site de l’Université : Fordham University Center for Medieval Studies : http ://www.fordham.edu/halsall/sbook.html .Voir aussi H.A. Amin, « Religious impediments to cultural exchanges in the Council of Europe », Colloquy on the contribution of the Islamic civilisation to European countries, Paris, mai 1991, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, pp. 1 et suiv. Citation traduite par l’auteur pour faciliter la lecture.

[14] H. A. Amin, ibid.

[15] Voir H. Teissier (archevêque d’Alger), « Chrétiens et musulmans, cinquante années pour approfondir leurs relations », Pontificio Istituto di Studi Arabi ed Islamistica

[16] E.W. Said, Covering islam. How the media and the experts determine how we see the rest of the world, Pantheon Books, New York, 1981, pp. 4-23, et Islamic Fundamentalism and its image in the Western Media.

[17] Al Hayat, Londres, 31 décembre 2002, n° 14528, p. 1.